Triste vendredi. Vendredi-Saint d’un reve exauce.
Futur Te Deum d’un Requiem annonce.
Les larmes masquent les regards d’amour.
Roissy, Narita, Tontouta; voyage au long cours.
Resurrection, dans l’exteritorialite temporelle.
Vingt mille annees-kilometres de saut culturel.
Noumea. Latitude Sud, vingt deux degres seize,
cent soixante six degres vingt six, Longitude Est.
Le kiosque immortalise la Place des Cocotiers
La plage des Citrons baigne les corps metisses
Le cliche oblige, par dessus Saint Joseph,
des voiliers au mouillage dans la baie de Moselle.
Au loin vers le couchant, cierge blanc des palmiers
se devine le phare, de l’elot Amedee.
Opera protege de la Passe Boulari
ballet de raies Manta et de requins gris.
La tribu de Oua Tom s’etire dans la vallee
jusqu’e la baie saphir et ses paletuviers.
Aux pieds du Mont-Dore, les sources capturees
des eaux jaillissantes, abreuvent les assoiffes.
Des mines et des outils, la rouille a eu raison;
les arbres liberes emprisonnent les prisons
du bagne des exiles, racailles en deroute
qui ont peuple les eles et cogne sur les routes.
Entre les fougeres bleues, banians et kaoris
le sentier quitte l’Auberge vers les Monts Koghi;
par petits ponts de bois, il mene e la cascade
dont les eaux plongeantes invitent e la baignade.
Aux pieds du Koudourrou, coule la Riviere bleue,
Bleu de Sevres liquide entre les rives de feu.
Les planches qui dansent sur le pont Perignon
pete un coup les zoreilles, comme un Dom Perignon.
Fougeres arborescentes, Houp et Grand Kaori
Les perruches e front rouge y betissent leurs nids
Incapable de voler, le cagou menace
dresse ses plumes et aboie son cri d’oiseau frustre.
Fantemes des niaoulis dans la Foret noyee
par les eaux fluctuantes du Lac de Yate;
paysage lunaire, mains levees vers le ciel,
leurs branches decharnees, appellent le soleil.
Les gorges s’enfoncent, grandiose panorama,
chutes de la Madeleine aux abords de Netcha.
Partage culturel, e l’ombre du fare
d’une tribu kanak, refuge des egares.
Du nom de sa fregate, un commandant ebloui
par la beaute du site, nomma le lieu « Prony ».
Les maisons accompagnent, la riviere enchantee
vers la baie sublime, oe dorment des voiliers.
Kunie, l’Ile des Pins. Les vieux araucarias
sentinelles endemiques, enserrent Kanumera
et les eaux turquoises de la baie de Kuto.
Le temps ne compte plus, l’espace est une photo.
Partie de Saint Joseph, la pirogue ancestrale,
offrant aux alizees, la rose toile de sa voile
vogue entre les ilots dont la mer s’est fleurie,
vestiges coraliens peuplant la baie d’Upi.
Bougna « Chez Regis » et Piscine d’Oro
exutoire du ressac embrassant les coraux,
la riviere de sable blanc que vide le jusant,
innoubliables insomnies d’un reve vivant.
Le pin respectueux, se courbe vers la barque
au coeur des cocotiers, claque le four canaque
dans le lagon de corail, nage le clown Nemo;
entre mer et montagne, le jour se leve e Thio.
Hymen de terre et mer, le-haut dans la mangrove
le Coeur de Voh palpite dans l’image en survol,
illustrant l’infarctus d’un climat defaillant,
place e la une par Yann Arthus-Bertrand.
Atae, ses guerriers, ses fils, le barde Andja
assassines par Segou, traetre canala.
Dans la grotte de Gossanah, dix-neuf crimes d’Etat;
dix-neuf ans et la Loi scellent les plaies d’Ouvea.
La case neuve offerte, le synthe de Kayel
la tribu de Oui Poin, et les neiges d’Estelle
la cascade sacree, notre place chez eux,
le feu de bois, le cheval, la lueur dans tes yeux.
Poemes de Kurtovitch, par le souffle inspire
du « Chant des Captifs » de Louise Michel exilee
Racines du kaneka et du groupe Gurejele
Chambranles de Steeve Thomo au sommaire de Mwe Vee
Danses, scultures et tissages, les voix du silence,
prieres d’un martyr, pretre de la delivrance,
emplissent les irocos, choeurs d’ogives du Caillou,
hommage posthume e Jean-Marie Tjibaou.
Un tres joli texte inspire de notre experience caledonienne. Un gros merci e Alain Tixier le plus fort des papas